mardi 16 avril 2024

Les yeux de Mona de Thomas Schlesser

 Les yeux de Mona est un roman d'éducation et d'éveil à l'art en général et surtout à la peinture. Tout commence lorsque Mona, âgée d'à peine huit ans, connaît un court épisode de cécité et l'on craint , alors, qu'elle ne perde la vue. En dehors des soins proprement oculaires, en guise de thérapie psychologique son grand père va alors avoir l'idée de l'emmener, chaque semaine dans les grands musées de Paris (Le Louvre, Orsay, Beaubourg...)pour lui faire admirer une œuvre à chaque visite, pour en discuter avec elle et pour lui apprendre le regard que l'(on peut avoir sur une toile. Le Grand Père a, aussi , le souci de lui créer une banque d'images pour ;le cas où elle deviendrait aveugle.

Ces visites s'intercalent dans le roman avec les soins médicaux, les batteries de tests mais aussi avec ses petites histoires d'écolière.

Mona et son Grand Père verrons ainsi 40 tableaux, la plus part célèbres et l'on verra, au fur et à mesure, le sens de l'observation et la capacité d'analyse de la jeune Mona se développer. ON sera étonné pare les réactions vives et intelligentes de l'enfant au point de se demander si cela est vraiment réaliste.

Le roman invite le lecteur à une réflexion globale sur l'art., sur ce qui est beau. Est évoqué le procès que fit Brancusi à l'administration des Douanes Américaines qui avaient taxé sa sculpture intitulé :"L'oiseau" comme un simple objet et non comme une œuvre d'art qui n'aurait pas dû supporter la taxe.

Le livre évoque aussi les traumas psychiques de l'enfance et il y a, aussi quelques belles pages sur l'euthanasie dont je partage totalement l'analyse..

Et le roman nous conduit pet it à petit à sa fin que je ne dévoilerai pas pour laisser aux lecteurs le plaisir de la découvrir.

Peut-être la descriptions et les discussions autour des tableaux lasseront elles certains lecteurs, mais ,même s'ils paissent un peu vite ils découvriront beaucoup de grands tableaux. la jaquette de couverture qui se déplie contient la représentation des toutes les toiles évoquées et en lisant le roman je conseillerai aux lecteurs de de regarder la reproduction du tableau au moment ou Mona et son grand-père le voient.

L'auteur  Thomas Schlesser est un historien d'art et le lecteur apprendra beaucoup tout en s'attachant à la petite Mona

.Les Yeux de Mona | Éditions Albin Michel (albin-michel.fr)

jeudi 1 février 2024

Finkielkraut: Pêcheurs de perles

                                                                 


   Autant le dire tout de suite ,je n'appréciais pas beaucoup la personne de Finkielkraut et ses interventions dans les médias .Je le trouvai trop agité et, du coup, je commettais une sorte de délit de facies et je n'ai lu aucun de ses livres. Ayant entendu dire du bien de ce "Pêcheurs de perles" je viens d'en faire la lecture et cette lecture m'a beaucoup plu. Je la conseille à tous.

L'auteur part de citations empruntées à de grands écrivains , à des philosophes ou à des politiques et ,en partant de ces citations, donne son analyse des problèmes actuels de notre société
Alors ,il y a bien sûr dans tout cela du "c'était mieux avant" et certains penseront que cela fait un peu réactionnaire, ancien combattant! Ils auraient tort. De même auraient tort, selon moi, ceux qui penseraient que ce sont les analyses d'un vieux réactionnaires et que son analyse est d'un homme de droite ce qui justifierait qu'elle soit rejetée sans examen.
Pour répondre a ce grief il nous dit que le passé ne doit pas être rejeté, qu'il doit être étudié et que tout n'est pas mauvais.
L'auteur aborde de très nombreux thèmes qui, tous, concernent notre monde et son actualité, la façon dont il va ou, plutôt ce qui ne vas pas mais je ne les aborderai pas tous me contentant de quelques exemples qui ont particulièrement retenus mon attention.
Il y a d'excellentes pages sur la situation de l'éducation , de l'école sur le le mérite.
Sans doute dira t on que ce sont des propose de droite. Je ne le pense absolument pas et je dirai avec Camus "Si la vérité était à droite je se(ai de droite" mais, en réalité je pense que bien au contraire il y a dans son analyse et dans ce qu'il souhaiterait une position qui devrait être celle de la gauche. J'y vois beaucoup des idées chères à Emmanuel Macron et que j'applaudis des deux mains.
Quelques citations. dans deux domaines sur la dizaine que traite l'auteur: L'école et le néo féminisme.
Sur l'école :" Les choses ne s'améliorent pas, on peut même dire qu'elle s'aggravent. De moins en moins d'enfants d'ouvriers et d'employés accèdent aux grandes écoles et autres filières d'excellence. Mais contrairement à ce qu'affirme Bouveresse  ce n'est pas faute d'avoir pris Bourdieu au sérieux que ce malheur advient, c'est pour avoir mettre l'Ecole à son école. La politique compassionnelle et réparatrice née de la lecture des Héritiers pénalise d'abord ceux à qui elle est censée tendre la main et qui n'ont que l'école pour s'élever."
De belles pages aussi et salutaires sur l' écoféminisme et  ses abus que j'ai déjà souvent dénoncés;
Sur ces dérives il cite l'écrivain Philip Roth qui écrit : é J'entends les femmes insultées et blessées. Je n'ai que sympathie pour leur douleur et leur besoin de justice. Mais je m'inquiète aussi de la nature du Tribunal qui délibère sur  ces accusations. Je m'inquiète parce que de Tribunal, on ne voit pas la couleur. Ce que je vois à la place, c'est qu'une accusation publique est aussitôt suivie d'un châtiment péremptoire. je vois qu'on dénie à l'accusé l'Habeas corpus, le droit de faire face à son accusatrice et de la questionner, enfin le droit de se défendre au sein de ce qui pourrait ressembler à un cadre juridique authentique."
Je place à la suite de mon texte les photos des pages de conclusions.
Alors oui vous verrez que l'on a bien à faire à un vieux réactionnaire mais il a le grand mérite de faire réfléchir.

                                             
                                                      

                                                       


                                                         

  
                                                              

mercredi 3 janvier 2024

Franz Olivier Giesbert: Histoire intime de la V° République: Tragédie Française

 








                                                                





                                                                          

 


Ce livre qui est le tome 3 d'une réflexion de Franz Olivier Giesbert  sur l'histoire contemporaine est d'abord un livre bien écrit et qui se lit avec plaisir en nous faisant remonter un temps pas si ancien mais que l'on a un peu perdu de vue.

Franz Olivier Giesbert juge cette période politique avec une grande sévérité tout en manifestant une admiration voire une très grande sympathie pour les personnages influents de cette époque. 

La politique de François Mitterrand  ne trouve pas grâce aux yeux de l'auteur qui n'a pas d'analyses assez dure pour les erreurs politiques majeures, selon lui, commises par les différents gouvernement: dépenses excessives, nationalisation destructrices mais il ne peut s'empêcher d'admirer l'homme, l'homme cultivé, amateurs de littérature et sachant n'être pas totalement accaparé par ses fonctions. Les pages sur la fin de vie de François Mitterrand sont bouleversantes.

Même position sur Chirac. Politique nulle mais homme attachant.

Seul Emmanuel Macron ne trouve pas grâce! Tout est mauvais la politique et le caractère!

Je dirai seulement que décrire une politique et la critiquer est, somme toute assez facile mais c'est oublier un peu trop les contraintes auxquelles sont soumis les dirigeants dans un système démocratique dans lequel ils doivent tenir compte de la réaction des électeurs même quand une réforme leur paraît bonne et nécessaire.

Ceci dit  son appréciation des deux grandes erreurs commises par notre temps à savoir l'absence de réaction suffisante et suffisamment à temps contre l'islamisme et les dérives de l'Institution judicaire dont il montre les aberrations est intéressante et fort bien analysée. Je les partage entièrement et sa grande sévérité contre les dérives de la gauche me paraît également totalement justifié.

Aprés cette analyse cruelle de la réalité politique l'auteur croit encore au sursaut possible. Peut-être.





lundi 20 novembre 2023

Jean Baptiste Andrea : Veiller sur elle


                                                        




Veiller sur elle qui vient de recevoir le prix Goncourt est un roman qui avait déjà eu, avant même le prix un grand succès auprès des lecteurs et ce succès est pleinement justifié. Voilà une œuvre très romanesque si l’expression peut être employé pour un roman ! L'auteur a une grande imagination.

Le roman commence dans un couvent de Toscane à Pietra Alba et quelques moines entourent un mourant qui, avant de rendre l’âme se souvient de sa vie et nous la raconte.

Cet homme, à qui son père a donné le prénom de Michel Ange, Michangelo, est appelé Mimo, Mimo Vitaliani et il est né atteint de nanisme, il deviendra un très grand sculpteur et l’on suit cette vie depuis une enfance misérable, des périodes de désordres divers à Florence et à Rome jusqu’à la richesse et à la gloire. Cette carrière il la doit à une famille noble de Pietra Alba les Orsini qui, avec des prélats proches du Vatican, l’aideront à profiter de ses dons de sculpteurs en lui donnant une clientèle nombreuse et riche.

Mais le roman est aussi une histoire d’amour avec Viola la fille des Orsini, une fille singulière qui aime la lecture et qui, toute jeune, sait beaucoup de choses mais qui a un comportement spécial qui la fait passer aux yeux de certains pour une sorcière et qui restera, à part, toute sa vie. Ils se connaitront à 15 ans et malgré de multiples séparations ils se retrouveront toujours et s'aimeront jusqu'à la fin.

Le roman permet  aussi de parcourir une longue période d’histoire de l’Italie et notamment de la période fasciste.

Tout au long du roman le lecteur est intrigué par l’histoire de la Pietà Vitaliani, Pietà plus belle encore, dit-on, que la Pietà de Michel Ange. On en comprendra l’histoire à la fin du roman à la mort de Mimo Vitaliani.

Magnifique roman, plein de rebondissement et qui tient le lecteur en haleine.

On pourra lire, ici  un entretien  intéressant avec l'auteur.

 

 

 

 

 

 


samedi 11 novembre 2023

Gloag: Oublier Camus: Une entreprise idéologique de démolition d'Albert Camus.

 

J’avais entendu parler de ce livre : « Oublier Camus » j’en avais lu quelques extraits et j’avais également lu des critiques, la plupart hostiles a ce livre. J’ai voulu me faire une idée par moi-même et je l’ai donc lu, plume à la main.

Cette lecture est éprouvante non seulement parce que l’auteur essaye de démolir la statue d’Albert Camus mais surtout parce qu’il est d’une mauvaise foi totale et que si vous voulez avoir une idée de ce qu’est une pensée viciée, il faut le lire.

Venant d’un enseignant on est tout simplement atterré devant les analyses qu’il produit et qui sont le fruit d’un parti pris qui n’hésite pas à tordre la vérité pour étayer sa thèse.

Mais venons en à ce qu’il nous dit.

Il commence (c’est le tout début du livre) par nous dire que Camus est aimé de tous, que cela est tout à fait suspect et que cela vient de ce que les lecteurs le lisent avec hypocrisie et pour se donner bonne conscience !

Exemple. Candidat Emmanuel Macron dans un entretien a dit qu’il aimait l’œuvre de Camus et notamment « Noces à Tipaza ». Que n’a-t-il dit là !

Et là vous allez voir un raisonnement qui est le summum de ce que l’on peut faire en matière de mauvaise foi.

Je reprends donc le raisonnement de l’auteur. Selon lui Tipaza a pu être écrit par Camus en raison des lois de 1936 sur les congés payés ! Or Monsieur Macron porte atteinte aux acquis sociaux donc son appréciation de Noces à Tipaza serait opportuniste et hypocrite !

Avez-vous déjà vu un exemple aussi consternant de pensée ? Admettons même que Monsieur Macron porte effectivement atteinte aux droits sociaux, est-ce que cela l’empêcherait d’apprécier la beauté du style, des images et de la philosophie qui des dégage de ce livre ? C’est tout simplement débile et je pèse mes mots. J’ai relu ce passage à plusieurs reprises pour être sûr d’avoir bien lu !

Tout le reste est à l’avenant car rien ne trouve grâce pour cet auteur.

Evidement l’auteur reprend cette vielle antienne, née de quelques idéologues Algériens selon laquelle Camus serait en réalité un colonialiste, qu’il aurait un positionnement toujours ambigu et que si, malgré cela on en fait une sorte de Saint laïc c’est « parce que la France tient à faire oublier son passé impérial et à ignorer son présent néocolonial » (p 12).

Donc Camus colonialiste et qui ne condamne pas, par exemple, les massacres de mai 1945 à Sétif.

Voici ce qu’écrit l’auteur : « Les massacres de Guelma et Sétif ont provoqué chez les Français d’Algérie un ressentiment profond et indigné. La répression qui a suivi a développé dans les masses arabes un sentiment de crainte et d’hostilité. »

L’auteur de commenter : « Pour Camus le « massacre c’est donc la centaine de morts pieds-noirs. En revanche la mort de plus de 10000 Algériens civils, systématiquement assassinés par l’armée, la police et les milices pieds-noirs est désigné sous le pudique vocable de « répression ». (p.31)

Ceci est tout simplement une infamie quand on sait la position de Camus tout au long de cette période et sa condamnation absolue des violences.

Dans le même passage l’auteur embraye sur le fait que Camus ne se serait pas soucier de la misère des Arabes pendant la guerre ! Là encore où vraiment trouver plus de mauvaise foi ?

En 1939 Camus écrit ses articles sur la Misère en Kabylie et plus tard il écrit deux textes dans lesquels il revient sur cette misère : » La famine en Algérie » et « Des bateaux et de la Justice » deux textes que l’on trouve dans Chroniques Algériennes :1939-1958 (Collection Folio Gallimard).

Et donc malgré ces évidences l’auteur prétend que Camus ne se serait pas soucié de la misère en Algérie !

 

Toujours pour cette période et pour soutenir que Camus était, en réalité, un colonialiste l’auteur nous dit que Camus quitta le parti communiste en 1937 parce que « le parti communiste aurait alors décidé de militer pour l’indépendance » (p. 26) C’est tout simplement un mensonge. Dans un livre consacré a cette question sous la plume de Christian Phèline et d’Agnès Spiquel Courdille il est clairement établi que Camus est exclu et non qu’il est parti de sa propre initiative comme le soutient ce livre. Par ailleurs il est exclu parce qu’il se voit reprocher « de ne pas accepter que soit rompue la solidarité avec le courant messaliste, tournant qui s’impose en conséquence du pacte Staline Laval. » (P. 174).

Evidement évoquer le tournant stalinien du Parti communiste soumis aux dictats de Moscou ne plait pas à Monsieur Gloag mais de là à s’écarter à ce point de la vérité démontre une drôle de conception de études universitaires !

Autre aberration de ce livre. Il tente de démontrer que Camus serait ambigu sur la peine de mort !

Selon l’auteur Camus, au moment de la Libération aurait été partisan de la peine de mort. Je ne sais pas où l’auteur trouve le moindre début de preuve de cette affirmation. Dans les textes qu’il cite (p. 115) Camus demande une sanction forte, déterminée mais jamais la peine de mort.

On sait au contraire que malgré son dégoût devant l’attitude de certaines personnes il demandera avec d’autres la grâce pour éviter la peine de mort. IL faut lire, par exemple la lettre qu’il adresse le 27 janvier 1945 à Marcel Aymé pour s’associer à la demande de grâce de Robert Brasillach.

« Je signe cette demande de grâce pour des raisons qui n’ont rien à voir avec celles que vous donnez ;

J’ai toujours eu horreur de la condamnation à mort et j’ai jugé, qu’en tant qu’individu du moins, je ne pouvais y participer, même par abstention. »

In « Albert Camus contre la peine de mort » Gallimard p.79

Et voilà donc celui que Monsieur Gloag, n’hésitant vraiment devant rien nous présente comme ambigu sur la peine de mort !

 

Enfin et j’en terminerai par là, l’auteur procède à des analyses de l’œuvre romanesque de Camus et y découvre son colonialisme ! L’accusation n’est ni nouvelle ni originale mais elle se base sur une méconnaissance absolue du travail romanesque.

Dans l’Etranger l’arabe n’est pas nommé Camus est donc un colonialiste qui méprise les Arabes !  Comme si, bien au contraire, Camus ne montrait, par ce procédé, une réalité de l’Algérie coloniale et dire qu’il l’approuve est tout simplement une nouvelle infamie.

Et figurez vous que dans la Peste ne serait pas évoqué le nazisme et la politique de l’Allemagne mais la colonisation en Algérie (p.50).

Enfin dans le Premier Homme Camus montrerait clairement son « colonialisme ». Ainsi lorsqu’il évoque un colon qui détruit ses récoltes et qui déclare à un jeune soldat : « Si ce que nous avons fait est mal alors il faut le détruire » c’est ce que pense Camus lui-même comme si on pouvait prêter à un écrivain toutes les pensées (même contradictoires) de ses personnages.

Arrêtons là. Ce livre est un tissu de contrevérités, de mensonges, de travestissement de la réalité sous l’effet d’une idéologie.

Lecteurs de ce billet économisez les 15 Euros pour l’achat de ce livre à moins que vous ne vouliez avoir un exemple de ce que peut faire une vision idéologique. C’est, sur ce terrain, un modèle.

En tous cas M. Gloag aurait été un excellent juge stalinien il en a toutes les méthodes.

Je conseille aussi cet excellent article qui, lui aussi, met clairement en évidence la malhonnêteté intellectuelle de Monsieur Gloag et celui-ci  qui est très complet dans sa critique.



 

 

 

 

 

 

samedi 21 octobre 2023

Sorj Chalandon: L'Enragé

 

                                       

                                               


     



Je veux vous parler du très beau roman de Sorj Chalandon : « Les enragés ». C’est un roman mais tiré d’une histoire vraie, hélas ! Dans ce très bel endroit qu’est Belle Ile en mer a été installé il y a plus d’un siècle ce que l’on appelait une Maison de correction pour enfants et qui n’était qu’un véritable bagne où ces jeunes enfants (de 9 à 16 ans} étaient mal traités, violentés, abusés et cela se voulait « éducatif » ! On se demande comment une telle horreur a pu être possible et que des humains aient pu se comporter de la sorte. Sorj Chalandon nous décrit ce quotidien d’horreur et se concentre sur l’histoire d’un jeune garçon, révolté, au passé familial triste et que l’on appelle la « Teigne » ce qui veut tout dire !

Quand le roman commence une évasion spectaculaire a lieu près de trente de ces garçons réussissent à s’évader et, alors la traque commence à laquelle participe les habitants du lieu qui montrent un visage hideux de l’humanité.

Tous sont rattrapés sauf la Teigne qui va bénéficier du soutien de tout un groupe de pêcheurs, humains, ceux-là et notamment du chef d’un petit bateau de pêche et sa femme, infirmière à la Maison de correction.

Alors on a là le portrait de personnes modestes mais dignes et humaines qui comprennent bien le malheur de ce jeune évadé et les traitements indignes dont il a été victime. On s’attache à ces gens qui ne crient pas avec les loups et il y a, dans le roman des passages très émouvants.

Malheureusement ce jeune sauvé cette fois-là sera poursuivi par un triste sort. Il sera fait prisonnier par les Allemands et fusillés à 26 ans.

Si vous voulez voir à la fois la pire et la meilleure image de l’homme lisez ce livre

On pourra voir dans les liens qui suivent quelques critiques de ce livre et l'histoire du poème de Jacques Prévert :La chasse aux enfants et aussi ce poème mis en musique et chanté et, enfin quelques critiques ici et 


 

 

Christian Phèline: L'Etranger en trois questions restées obscures

 

                                                       





Je viens de terminer la lecture du dernier livre de Christian Phèline : L’Etranger en trois questions restées obscures paru en 2023 aux Editions Domens. Comme l’auteur se pose lui-même la question : « Comment peut-on encore écrire sur l’Etranger » ?

Et pourtant ce livre a le mérite de poser trois questions pertinentes qui ont parfois reçu des réponses insatisfaisantes.

Ces trois questions sont :

-D’abord celle de l’emplacement exact où se situe la scène du crime et l’auteur fait la synthèse des recherches qui ont déjà été faites et montre qu’en réalité la fameuse plage est une création littéraire de Camus faite du souvenir de plusieurs endroits précis. On sait que le crime a lieu sur une plage située près d’Oran et le fait divers lui-même a eu une réalité et a fait l’objet d’un compte rendu dans la Presse de l’époque.

Mais dans le roman cette plage n’est pas située près d’Oran mais près d’Alger et qu’elle emprunte pour sa description des images que Camus a déjà utilisé pour d’autres plages et notamment pour celle de Tipaza. Ce faisant l’auteur montre le mécanisme de la création littéraire à l’œuvre.

-Ensuite celle de la motivation de Meursault : Est-ce un crime prémédité ou un crime de circonstances ? La psychologie du personnage est analysée finement et l’on est tenté de pencher vers l’idée d’un « accident » c’est-à-dire d’un meurtre non prémédité. Il y a dans cette partie du livre une étude approfondie de la situation et l’évocation que je n’avais lu nulle part d’une attirance homophile de Meursault envers l’arabe qu’il va tuer. Difficile de se faire une idée claire même si Luchino Visconti avait eu, aussi, cette lecture.

-Enfin l’auteur se demande pourquoi Camus a conduit Meursault à la condamnation à mort alors que cette situation est totalement invraisemblable dans la situation de l’Algérie coloniale. L’auteur s’est penché sur les divers crimes commis à l’époque en Algérie. Beaucoup peuvent évoquer le crime de Meursault mais aucun des auteurs de ces crimes n’a été condamné à mort.

Un livre qu’il faut lire en parallèle d’une lecture de l’Etranger.

Enfin j’ai amé ce livre parce qu’il fait justice de certaines accusations qui ont été portées contre Camus et encore récemment.

L’auteur écrit ainsi : « A l’inverse, trop souvent dans sa reprise depuis prés d’un demi-siècle, la dénonciation « post-coloniale » néglige donc, pour l’essentiel, ce qui sépare un romancier, des actes, des pensées ou des dires de ses personnages, et que l’objet d’une fiction est de figurer dans sa complexité contradictoire la réalité dont elle s’inspire, et non pas de porter sur elle un jugement explicite. »

Bonne réponse a ces lecteurs et universitaires idéologues qui maltraitent le travail du romancier pour alimenter leurs thèses.